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Golf de Baugé-en-Anjou : un nouveau départ…

7 janvier 2020 79

Parmi les plus beaux parcours des Pays de la Loire, le golf de Baugé attaque la trentaine en bonne forme. Et pourtant, le chemin a été semé d’embûches… Au cœur d’une magnifique chesnaie, il évolue au gré des vallons angevins. Dynamisé par ses propriétaires, Baugé rejoint le Réseau dans une région déjà très « Golfy ».


Par Claude Granveaud-Vallat

A la fin des années 80, les Asiatiques diversifiaient leurs investissements à travers l’Europe, et plus particulièrement en France, en créant des golfs – une passion nippone. Au cœur du Maine-et-Loire, le site de Baugé a séduit des Japonais qui allaient donner carte blanche et des moyens considérables à l’architecte Alain Prat pour le dessin et au maître d’œuvre Michel Benedetti pour la réalisation.

Mais la crise allait toucher Tokyo, obligeant les entreprises à revoir leurs ambitions à la baisse. En 1989, de 27 trous prévus, le Golf de Baugé était ramené à 18 et trois trous école tandis que Michel Benedetti se retrouvait propriétaire du club, ses honoraires n’ayant pas été réglées par les Nippons partis à la cloche de bois. Loin de sa base azuréenne – le golf de Saint-Donat -, le maître d’œuvre a géré le club jusqu’en 1994, époque où il l’a vendu à Marc Klein, un promoteur immobilier impliqué aux Caraïbes. Au cœur d’un triangle entre Angers, La Flèche et Saumur, un projet de complexe de villas haut de gamme et d’un village vacances à Baugé était ambitieux sur les 136 hectares du domaine des Bordes, une propriété datant du XIXe siècle ayant vu son château disparaître au cours des années 60. Là encore, le contexte économique allait avoir son importance. Les permis de construire angevins tardaient à venir avant que la crise des « subprimes » aux États-Unis ne mette à mal les finances du propriétaire, de l’autre côté de l’Atlantique.


En 2011, la loi Scellier soutenant l’investissement locatif privé lui redonnait le sourire avec l’espoir de construire 150 villas mais, en 2012, l’arrivée de François Hollande aux manettes chamboulait une nouvelle fois le projet, une loi chassant l’autre, Duflot débarquait avec d’autres perspectives… Et Marc Klein jetait l’éponge.  Jusqu’en 2017, le golf, au cœur de ces pérégrinations, a survécu grâce à son équipe de jardiniers emmenée par Alain Brebion, en place depuis 1997. Il était temps pour Denis Millerand et Geoffrey Gabiller, deux amis d’enfance, d’entrer en lice pour sauver le club. Cassant leur tirelire, tout en gardant une activité en parallèle – l’un dans l’aéronautique, l’autre dans l’informatique -, les deux quadras allaient sauver les emplois du golf et redorer le blason du club, à portée de drive du château de Baugé, fief médiéval du Bon Roi René, duc d’Anjou. 

Comme dit Denis Millerand : « La chance de Baugé est d’avoir bénéficié d’un bon travail initial. Alain Prat a intégré le parcours dans l’environnement, donnant un bon rythme au jeu tout en préservant le cadre forestier. »

Il est vrai que sur 136 hectares, l’architecte n’était pas à l’étroit dans la chesnaie du domaine. Des terres légèrement vallonnées, plongeant en douceur vers le Couasnon – un sous-affluent de la Loire par l’Authion sur sa rive droite -, une petite rivière au lit bien établi – elle ne déborde quasi jamais – où les truites vivaces gobent les mouches en toute quiétude, elle a aussi aidé Alain Prat à pimenter le jeu le long des piquets rouges et jaunes des trous du bas. D’abord du 3 au 4, puis entre le 13 et le 15 – la signature de l’artiste -, là où les greens se méritent à l’approche. Une balle toppée, courte, slicée et c’est le bain forcé ! Sans oublier l’étang séparant le green du 18 du parcours école. Là encore, il y a matière à exploser la carte… tout comme sur quelques mises en jeu serrées entre les frondaisons. Comme son nom le laisse entendre, Baugé fait penser aux sangliers qui aiment tant se rouler dans la fange de leur bauge…

Heureusement pour le parcours, le golf est ceint d’une clôture électrique qui repousse leurs ardeurs dans la forêt voisine, au côté des grands cervidés. Depuis l’arrivée de Denis et Geoffrey, les évolutions sont tangibles sur le parcours, le défrichage des sous-bois a rendu le jeu plus clair et rapide, le nettoyage des bunkers où le sable collait au sandwedge a là aussi changé la vie des joueurs, tout comme après la réfection du drainage. Grâce aux relations du greenkeeper, Baugé a pu racheter le parc machines de La Boulie, une aubaine bienvenue pour le porte-monnaie ! Le système d’arrosage posé à la création du parcours mérite d’être revu, un projet pour l’avenir. Tout comme la résurrection du petit pont romain sur le Couasnon, caché sous les ronces et les branchages entre le green du 13 et le départ du 14, la touche d’Augusta en Anjou !


Installé dans les écuries de l’ancien château de Bordes, le club-house ne manque pas de charme dans une vaste longère mêlant briques et meulières sous un toit d’ardoise. Début 2020, un jeune chef venu d’une belle table régionale a repris les fourneaux, amenant sa touche créative à une carte très abordable. De quoi satisfaire les joueurs comme les cadres dans les salles de séminaire pouvant accueillir près de cent personnes. Loin des tentations urbaines, dans le silence de la douceur angevine, il y a matière à se concentrer sur les projets de son entreprise.

Mais une grosse lacune reste à combler, l’absence d’hébergement… Un projet d’hôtel d’une cinquantaine de chambres est dans les cartons du club depuis longtemps, le permis de construire est déjà signé, reste à entreprendre ! D’ici cinq ans, on devrait pouvoir dormir à Baugé, un atout indéniable pour développer le tourisme golfique dans une région facilement traversée mais qui, hors villes, manque de lits. L’arrivée au sein du Réseau Golfy va aussi dans ce sens. A proximité de Baugé, les golfs arborant fièrement le « grand G » sont nombreux. De Sablé à Angers, Alençon, aux 7 Tours, à Saumur, Loudun, sans parler des parcours vendéens et ligériens de bord de mer… Une bonne raison pour que les Golfystadors viennent planter leur tee sur ce magnifique parcours angevin qui semble enfin avoir trouvé sa vitesse de croisière, en route vers son demi siècle !

Golf de Baugé-en-Anjou
Domaine de Bordes
Route de Tours
49150 Baugé
Tél. : 02 41 89 01 27.
Site : www.golf-bauge.fr
18T, par 72, 5947 m
Création : 1989
Architecte : Alain Prat

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