Golf de la Baie de Morlaix : La baie des champs…

Par Claude Granveaud-Vallat

Si le château du Taureau, un ouvrage d’art militaire restauré par Vauban, contrôle la baie de Morlaix depuis le XVIe siècle, le château de Keromnès – la demeure de la famille de Kermenguy -, une bâtisse de granit ayant résisté aux tempêtes, veille sur le golf depuis que les vaches ont cédé la place aux fairways, il y a bientôt trente ans.

Au début des années 90, agriculteur et éleveur à ses heures, Yvon de Kermenguy, aussi sportif que volontaire, avait envie de jouer au golf chez lui. Et d’en faire profiter ses amis du Haut Léon ! Dans cette station balnéaire très policée, l’idée ne séduisait pas forcément tous les Carantécois mais, sur ses terres, le châtelain a eu raison des chafouins. Qui s’en plaindrait aujourd’hui ! Sûrement pas les 350 abonnés du club, ni les 5000 visiteurs à l’année.Le golf est un atout touristique indéniable dans la baie de Morlaix.

Le parcours imaginé par l’Anglais Martin Hawtree a vite trouvé ses marques sur les 25 hectares alloués entre la plage du Clouët et les terres surélevées de la presqu’île de Carantec. Protégé des vents dominants, il est peu vallonné, du moins jusqu’à rejoindre les départs du 8, le trou signature du tracé mais aussi son talon d’Achille pour nombre de joueurs qui hésitent dans le choix du club, qui dominent la baie et ses tons changeant à chaque marée. Un souffle d’air perturbe les cimes des arbres, le trou semble plus long par la perspective, les taillis hors-limites à droite ajoutent au stress… Pousser une balle dans la pente n’est pas glorieux mais peut s’avérer efficace !

Heureusement, d’autres trous sont plus conciliants à l’image des courts pars 4 comme le 3, le 5 et le 9 où les opportunités de birdie ne sont pas qu’une vue de l’esprit. Pour varier les plaisirs, les trous 1 et 3 changent de physionomie entre l’aller et le retour, passant d’un par 4 en par 5, et d’un par 4 en par 3. Des évolutions qui peuvent avoir une incidence sur la carte sans dénaturer l’esprit de ce parcours où la végétation s’est épanouie en bientôt trente ans.

Durant longtemps, les trous 7, 8 et 9 subissaient les aléas des fortes marées sur un terrain gras. Des travaux d’assainissement, de drainage et de rehausse des greens ont été effectués en 2015 par Jean-Pascal Fourès, l’architecte qui allait créer le pitch & putt sur les hauteurs du domaine.

Le pitch & putt

Là-haut, il a dessiné un parcours ludique, à l’orée des bois, sur une clairière vallonnée où les trous oscillent entre 45 et 90 mètres, avec des départs et des greens synthétiques. De quoi s’entraîner aux approches, s’amuser entre amis ou se familiariser avec le jeu pour les néophytes. Et tout ça à des prix très attractifs. Les greens y sont très rapides, de quoi bien sentir le dosage des chips et des putts.

Le club-house a trouvé sa place dans les anciennes étables, du solide là où la terrasse est la bienvenue sous un soleil estival. Le temps d’un verre ou en goûtant les galettes de Pablo, la vue sur le parcours, la baie et la mer incite à la détente tandis que les voiliers remontent vers le large, à l’assaut du château du Taureau comme au temps où les Anglais cherchaient à débarquer le long des côtes du Finistère… Aujourd’hui, ils sont les bienvenus sur le Golf de Carantec !

Golf de la Baie de Morlaix
rue François de Kergrist   
29660 Carantec  
Tél. : 02 98 67 09 14.  
Site : www.golfdecarantec.com
9 trous, par 34, 2304 m., Martin Hawtree (1992).
9 trous pitch & putt, par 27, 589 m., Jean-Pascal Fourès (2015).

Question de stratégie

Le trou 6, par 5 de 457 mètres (jaunes), par Stéphane Cassenac, pro à Carantec.
Seul par 5 du parcours, ce trou n’affiche pas de réelles difficultés depuis les départs. Il suffit de mettre en jeu sur le flanc gauche du fairway, le dévers ramenant la balle vers le milieu. Au 2e coup, inutile d’espérer attraper le green en deux – même les gros frappeurs ne s’y hasardent pas -, il est impératif de rester encore sur la gauche de la piste, le practice étant hors-limites à droite. Le green tend vers la mer mais avec une petite approche, on peut espérer s’approcher du drapeau sur le 3e coup et, pourquoi pas, enquiller le birdie. Le par demeure tout à fait abordable avant de s’attaquer aux trous du Château…

De Morlaix à Roscoff…

A pied sur le chemin des douaniers, en pédalant sur les sentiers de la « Vélodyssée », en voiture de village en bourgade de caractère,la presqu’île de Carantecse dévoile à qui sait la surprendre, la découvrir le matin dans les brumes de mer, sous un soleil estival au couchant, dans un crachin typiquement breton… A chaque saison, à chaque jour, à chaque heure, le Haut Léon, ces terres entre Morlaix et Roscoff, passant de la mer à la terre dans un trait d’union aussi subtil qu’invisible, ne manquent pas d’atours.

Entre châteaux et manoirs, églises et calvaires, patrimoine maritime civil et militaire, les balades s’enchaînent allègrement. De Morlaix et son port à l’ombre du vieux pont jusqu’à Carantec, le long de la ria, les paysages évoluent au gré de l’Argoatjusqu’à l’Armor. De la Bretagne boisée, le bocage, jusqu’à à la côte de granit, ventée. Plus haut, Saint-Pol de Léon, le pays de l’artichaut, dévoile l’art religieux entre lacathédrale Pol-Auréliendatant du XIIIe siècle et lachapelle Notre-Dame du Kreisker. En contrebas de la cité millénaire, le vieux port de Pempoul a su conserver son charme du Moyen Âge, un temps où les marins partaient vers le Brésil, l’aventure…

A Roscoff, entre le port et son phare de la Tour carrée, les plages, les rues étroites aux pavés de guingois, les murs de granit ayant essuyé bien des tempêtes,le charme se découvre à tous les coins de rues. Au bout de l’estacade, l’embarcadère pour l’Ile de Batz est accessible en toute saison. A peine 300 hectares préservés sur cette île à un quart d’heure du continent, où 500 personnes vivent à l’année. L’agriculture et la pêche la font vivre tout comme un tourisme estival maîtrisé. Les hébergements insulaires sont peu nombreux, limitant l’immigration quotidienne liée aux marées. Une île où le goémon engraisse les champs, une île qui pourrait vivre en autarcie, sans les touristes… Mais ce serait dommage !