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Golf de Carcassonne : à l’assaut d’Auriac…

6 mars 2020 77

Face à la Cité médiévale, tout paraît jeune à Carcassonne… Le golf a fêté ses trente ans en 2018 ! Ce parcours faussement plat a bien vieilli depuis qu’il est passé à 18 trous en 1998. Entre le murmure du vent, le feu rougeoyant du soleil couchant sur les Corbières, les allées bordées de pins, de cyprès, ont belle allure là où la terre a une histoire.

Par Claude Granveaud-Vallat

Adossé au club-house et à la terrasse du restaurant, le tee du 1 fait face à un mur de verdure, planté tel un rempart cathare vers un fairway sur le plateau.

Impressionnant mais pas question de lancer les grappins à l’assaut des murailles protégeant la cité, juste de lever la balle avant de taper un petit fer vers le premier green de ce parcours vivant depuis plus de trente ans dans l’ombre de la cité audoise inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997.

Dix ans plus tôt l’idée de créer un parcours de golf sur les terres du Domaine d’Auriac avait germé dans l’esprit des élus locaux. Auriac, une maison bourgeoise qui avait repris des couleurs au début des années 70, retrouvé son allure d’antan en devenant Relais & Châteaux, une belle demeure d’époque Napoléon III, accompagnée d’une bonne table rendant hommage à la générosité culinaire occitane.

Alors jeune pro, Jean-Pierre Basurco a dessiné le parcours en place d’anciennes vignes. D’abord 9 trous, une première boucle, tout en imaginant une extension qui allait venir dix ans plus tard, une force pour ce club, une cohérence dans un décor très arboré, planté de pins, de cyprès, d’oliviers, de massifs de genêt, une nature plutôt provençale sur ces vallons des Corbières offrant pourtant des vues magnifiques sur les Pyrénées d’un côté et la montagne Noire de l’autre. Mais la cité médiévale n’apparaît que sur le logo du club, au départ du 15 on l’imagine derrière quelques reliefs mais point de rempart en vue… Point de créneaux, de tours, de mâchicoulis à l’horizon, l’heure est au birdie !

Face au cers, ce vent sec et froid l’hiver et chaud en été, mieux vaut rester concentré sur le jeu, il sera temps d’arpenter les ruelles pavées plus tard… Très bien entretenu, même en hiver – période où il draine bien les eaux -, le parcours est agréable, varié, alternant des coups techniques à d’autres à la tolérance bienvenue. En draw plus ou moins courbe, en fade plus ou moins fourbe, le tracé se défend avec noblesse, tout en souplesse. Doglegs, bunkers bien placés, greens rapides, par 3 plongeant sur le 9 puis au 18, pièce d’eau frontale sur la mise en jeu du 5, pas le temps de s’ennuyer même si la vue sur l’ancien hôpital de Carcassonne, un bloc aussi massif que dépressif, casse l’ambiance en longeant les premiers trous.

Mais l’histoire de ce club sauvé des eaux à la fin du XXe siècle est indissociable de « Monsieur Jo ». A Narbonne ou Perpignan, on penserait tout de suite à Jo Maso – le Mozart de l’Ovalie -, à Carcassonne, on parle de Jo Riu, l’homme qui a sauvé le club en 1998, en acceptant d’en reprendre la gestion à condition d’en porter le tracé à 18 trous, son seul salut. Homme d’affaires ayant réussi dans la chaussure, il a fait du sur-mesure à Auriac, adaptant le club à la demande, tenant compte de l’âge des joueurs, plus souvent senior que junior, tout en développant l’école de golf où une soixantaine de minots profitent des fairways à des conditions imbattables. Son petit neveu, un certain Victor Riu, y a tapé ses premières balles avant de rejoindre la capitale et de passer pro. Un peu partial mais toujours lucide malgré le poids des ans, Jo ne tarit pas d’éloges sur son club. « C’est le golf du bonheur, dans un endroit rendu paradisiaque par le travail des jardiniers… » Désormais, Jo Riu a passé la main à son fils Philippe sur le seul 18 trous de l’Aude. Mais dès que les feuilles tombent des arbres, Carcassonne fait le plein à la ronde, tout le monde s’y retrouve dès les brumes matinales. A l’heure où les terrains occitans sont gras, Auriac demeure praticable, l’équipe des jardiniers – bien que peu nombreuse – faisant un excellent travail tout au long de l’année. Aujourd’hui, le club a besoin d’améliorer son practice, un terrain situé de l’autre côté de la route, en bordure d’un bras de l’Aude pouvant s’étaler aux premières crues, mais la place manque…

Sur les derniers trous, les lumières du soir sont magnifiques dès que le soleil s’invite dans la partie – plus de 300 jours par an ! A l’approche du 16, en contre jour, les mamelons donnent de la matière au tracé tandis que les pics pyrénéens découpent le ciel de leurs cimes à l’horizon. Le Canigou, l’Infern, le Puigmal, autant de sommets emblématiques catalans offrant leur décor érodé, enneigé l’hiver, en arrière plan à la carte postale de verdure audoise. Plus près des fairways, les pieds de vigne longeant le parcours à l’approche du 11 sont la source d’un rosé gouleyant servi au « Bistrot d’Auriac », la table du club-house dominant de sa terrasse le fameux tee du 1. Même si la carte est plus modeste qu’au Domaine, le chef Philippe Deschamps y met la même passion à sublimer les produits régionaux. Et ils ne manquent pas… Les viandes préparées en grillades n’ont pas fait plus de cent kilomètres avant de finir dans l’assiette, tout comme les salaisons, les volailles ou encore les légumes accompagnant à merveille les plats à la carte. Le cassoulet mérite à lui seul le détour ! Pour qui en a les moyens, une nuit – ou plusieurs – au Domaine d’Auriac, après une balade dans la Cité, est idéale pour vivre au mieux cet endroit privilégié. Un peu hors du temps, une notion très relative à côté de ces pierres millénaires… Alors, vous aussi, venez défier ce beau parcours, entrez en lice à votre tour !

Informations pratiques
Golf de Carcassonne
Route de Saint-Hilaire
11000 Carcassonne
Tél. : 04 68 72 57 30.
Site : www.golf-de-carcassonne.com
Architecte : Jean-Pierre Basurco (1988).
18T : 5758 mètres, par 71.


Question de stratégie

Le trou 5 (hcp 9), par 4de 291 mètres (jaunes), par Steve LaChance, pro de Carcassonne.

Quasiment le seul trou du parcours avec de l’eau en jeu, cepar 4 en dogleg droite et en montée offre deux options selon le niveau etla puissance du joueur. Des départs, l’étang impressionne avec lerétrécissement du fairway devant la chute de drive. Soit vous avez plus de180 mètres de vol de balle dans les mains et l’option de survoler cettezone dangereuse passe inaperçue, soit ce n’est pas le cas et mieux vaut pousserun petit coup de fer devant l’obstacle pour être sûr de garder la balle au sec.Dans la première hypothèse, il reste une centaine de mètres en légère montéevers un green en longueur. Dans l’autre, la sagesse tend à attaquer le green entrois coups, au risque d’en sortir avec un bogey. Attention au bunker à droitedu fairway, les gros frappeurs pourraient être tentés de slicer pour négocierle virage… Posé sur un dôme, le green offre une forte prise à un vent detravers, mieux vaut en tenir compte à l’approche.

La Cité de Carcassonne et le Pays cathare


Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997, la Cité de Carcassonne est incontournable dès que l’on évoque le tourisme en Pays cathare mais ces murailles séculaires ne sont pas le seul intérêt régional…
Le site remonte au néolithique mais c’est évidemment au Moyen Âge qu’il a pris l’essor qu’on lui connaît, derrière les trois kilomètres de remparts ceignant la Cité. Son emplacement entre les Pyrénées et la montagne Noire, entre la Méditerranée et la côte Atlantique vers l’Ouest, en surplomb du lit de l’Aude, n’a pas échappé aux fins stratèges militaires qu’ils fussent romains, wisigoths, carolingiens, musulmans ou francs… Une citadelle dont l’architecture a évolué au fil des siècles jusqu’à la rénovation entreprise par Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Quelques anachronismes liés à des choix de matériaux contestables comme les ardoises en place des tuiles romanes sur les tourelles demeurent critiquables quant au travail de l’architecte fantasque. Qu’importe, aujourd’hui l’affluence touristique venue du monde entier se réjouit de ce joyau préservé, sauvegardé, là où l’on peut rêver en arpentant les chemins de ronde, les lices, en passant les ponts-levis des portes Narbonnaise, de l’Aude ou de Saint-Nazaire, en entrant dans le château comtal ou dans la basilique… Comme, de façon plus prosaïque, en se promenant dans les ruelles où les échoppes aux allures médiévales mettent les produits régionaux et l’artisanat occitan en avant. Dame Carcas est à l’honneur de tous les coins de rues tandis que sa statue de pierre rend hommage à sa légende datant au XVIe siècle.
Mais le Pays cathare ne se limite pas à ce trésor médiéval… Au travers des Corbières, les citadelles sont presque toutes des architectures royales et non cathares, même si le mythe de Montségur est dans toutes les mémoires. Au XIIIe siècle, les Albigeois n’étaient pas de grands constructeurs, les ruines sont l’œuvre des Croisés emmenés par Simon de Montfort pour combattre le catharisme et les hommes de Raymond IV de Toulouse. Aguilar, Peyreperthuse, Puilaurens, Termes et Quéribus, les « cinq fils de Carcassonne », cinq châteaux construits sur des pitons rocheux protégeant les frontières du royaume face à l’envahisseur aragonais, sont encore accessibles à la visite. Souvent au prix de belles grimpettes à travers la rocaille de ces terres ensoleillées et ventées à l’année… Avec les sommets pyrénéens en arrière-plan, la vallée de l’Aude recèle aussi de charmants villages, de belles tables, de jolis chais à l’image de ceux de Gérard Bertrand, plus près de Narbonne. Le savoir-faire d’hommes passionnés, fiers de leur terroir, soucieux de transmettre leur art aux plus curieux…

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