Golf des Îles Borromées, en surplomb du lac Majeur

Par Claude Granveaud-Vallat

Même si la frontière n’est pas très loin, ce nom français peut surprendre, en surplomb de Stresa et du lac Majeur. Avant que le parcours ne voie le jour en 1992, il y avait là, sur ces hauteurs, le vieil hôtel des Îles Borromées, il n’en fallut pas plus pour qu’avec une pointe de snobisme, le golf conserve ce nom « francese ».

A 500 mètres d’altitude, on a hâte de profiter de la majesté des lacs, dans un cadre très arboré. Mais le dessin de Marco Croze sait nous faire languir, comme si la récompense se méritait. Les premiers trous plongent et reviennent entre les futaies sans laisser percevoir les eaux du lac Majeur. Il faut attendre le green du 5 pour accéder – via un petit chemin – à un point de vue, proche d’une chapelle, dominant le flanc sud du lac. Mais pas question pour autant d’apercevoir les îles Borromées, de là, la montagne les cache.

Entre les sapins, les chênes, les bouleaux, les mélèzes, les châtaigniers, quelques ruisseaux, autant de pièces d’eau, le tracé tout en longueur – l’architecte a dû s’adapter à la topographie – n’est pas de tout repos. Avec des fairways étroits, vallonnés, des mises en jeu serrées, des approches perchées, la panoplie est complète au cœur de cette végétation de montagne. Difficile de maîtriser toutes ces particularités dès le premier passage mais le charme des lieux donne envie de revenir, de tenter sa chance à nouveau, de chercher à apprivoiser ce tracé où les birdies restent souvent perchés dans les arbres… Du départ du 7 comme du 10, la vallée semble à nos pieds, un sentiment un peu mégalo à l’heure où il faut serrer le jeu à l’attaque du retour. Mais pas question de pécher par excès de confiance, les roughs de fougères comme les dévers nous rappellent vite à la raison tandis que les aigles tournoient au-dessus des greens, que les écureuils sautent de branche en branche, que les traces de sangliers laissent présumer de leur visite nocturne. La devise de la famille Borromée n’était autre que Humilitas ! Sur les eaux du lac comme sur les greens du golf, elle a su garder toute sa valeur là où la montagne demeure la plus forte, surtout lorsque l’orage gronde dans la vallée.

Une fois les derniers putts enquillés, on pourrait regretter que la terrasse du club-house ne domine pas le lac et ses points de vue à couper le souffle, la nature n’est pas toujours domptable… Ici, elle a souvent le dernier mot !

Une bonne raison pour descendre auprès du lac après la partie. Par une petite route en lacets, le panorama s’élargit à chaque virage, laissant apparaître Stresa, cette station touristique prisée dès le milieu du XIXe siècle, une époque où les villas exubérantes poussaient comme des champignons au bord du lac, rivalisant d’élégance. Depuis, entre les façades Art nouveau des hôtels étoilés et le palais des Îles Borromées, le temps semble s’être arrêté. Une douceur de vivre liée à un sentiment de sérénité envahit l’air tandis que les mouettes cherchent les courants ascendants pour planer au moindre effort. En son temps, Ernest Hemingway avait ses habitudes dans ce décor privilégié. Au bar du Grand Hôtel, bien sûr, mais aussi sur les petits bateaux des pécheurs qui relient aujourd’hui les îles pour le plaisir des touristes. Une escale sur Isola Bella s’avère obligatoire pour s’émerveiller devant la beauté du palais Borromée, un château baroque construit au XVIIe siècle en l’honneur de la comtesse Isabella Borromeo. Il offre des décors somptueux tant en intérieur qu’au travers de ses jardins en terrasses, descendant jusqu’au lac entre les cyprès, les oliviers et des massifs fleuris à l’année. Lors de la campagne d’Italie, entre deux batailles, Napoléon aimait venir se reposer dans ce cadre idyllique… On peut le comprendre !

Golf des Îles Borromées
28833 – Brovello Carpugnino (VB)
Tél. : +39 0323 92 92 85. 
www.golddesiles.it