Golf de Montereau-La Forteresse : tout en douceur…

Par Claude Granveaud-Vallat

Depuis 1987, une époque où de nombreux agriculteurs choisissaient le golf pour diversifier leurs activités, le golf de Montereau-la Forteresse domine la vallée de l’Orvanne, au cœur de la Seine-et-Marne. Sur les terres de la famille Crapard, toujours aux manettes, les architectes Mark Adam et Patrick Fromanger ont eu carte blanche pour créer le tracé, au gré de quelques dénivelés. Ils venaient de te​rminer le golf de Vaugouard, ils ont su trouver les mots pour imposer leur rigueur dans ce cadre champêtre. François Crapard leur a confié un tiers de ses terres agricoles pour développer ce projet, aux confins de la Seine-et-Marne et de l’Yonne. Dans la foulée, ils allaient s’attaquer à Cély et Bélesbat, pour rester dans la région.

A La Forteresse, deux tiers des trous se jouent en plaine tandis que du 5 au 8 et sur les trous 15 et 16, la forêt séculaire ceint les fairways dans un cadre plus étroit, plus technique, plus dangereux pour qui ne maîtrise pas bien ses trajectoires. Avec sa pièce d’eau en forme de douve, le par 3 du 16 a toujours été la signature du club, la fierté de ceux qui parviennent à pitcher le green sans voir leur balle finir à la baille. Mais les subtilités de la Forteresse ne se résument pas à la dramaturgie de ce trou, sous le regard amusé des moutons qui paissent en retrait. Dès la mise en jeu du 1, flatteuse en descente vers un green protégé par une ribambelle de bunkers, on sent bien que le danger veille. Les roughs estivaux sont également de jolis pièges à balles surtout sur les longs trous comme le 2, le 18 et le passage 10, 11, 12, sorte d’Amen corner du parcours où la puissance est la bienvenue vers des greens bien défendus et subtilement pentus.

En 2010, François Crapard a passé le relais à sa fille Aurélie, un changement de vie radical pour cette jeune femme qui venait du monde de la cosmétique. Elle n’a pas tardé à s’adapter, cherchant à développer les relations avec les écoles environnantes, signant une convention avec la ville de Montereau pour offrir aux gamins des « vacances intelligentes » à Pâques et à la Toussaint. Une semaine intense, passée dans la nature, dans la verdure à découvrir le jeu mais aussi la faune et la flore du golf, de la campagne. Les pros Thomas Vallin et Philippe Pascal se sont bien habitués à gérer cet axe vers les scolaires et la jeunesse. L’école de golf s’est étoffée, les résultats devraient suivre là où quatre jeunes se sont qualifiés cette année pour les championnats de France.

Les circonstances inhabituelles du printemps dernier ont permis à l’équipe des jardiniers de travailler à la réfection des bunkers, certains à l’intérêt limité ont été rebouchés. Des travaux appréciés des membres au mois de mai, lors de la réouverture du club au public.

Depuis longtemps, le bouche-à-oreille a trouvé son écho en lisant le menu. La réputation de la table dépasse le cadre sportif. Tout est fait maison, des terrines aux plats mijotés, des poêlées de champignons aux desserts roboratifs – véritables madeleines de Proust -, et servi avec le sourire. Il n’y a qu’à voir l’affluence en terrasse en été ou les tables au coin du feu en hiver pour s’en assurer. Mieux vaut réserver pour être sûr d’en profiter…

Sur le parcours, les trous portent tous un nom en rapport avec le Moyen Âge et pour cause, cette ferme fortifiée – datant du XIIe siècle sur ses pans les plus anciens – accueillait autrefois une ancienne commanderie de l’ordre des Templiers. Le passage souterrain qui relie le pro-shop au restaurant se prolongeait autrefois, permettant aux amis de Jacques de Molay de filer en urgence.

Aujourd’hui, c’est le contraire, les joueurs n’ont pas envie de partir. Comme si, en ces murs chargés d’Histoire, sur ce parcours arboré, raffiné, ils se sentaient bien, un peu comme chez eux. Comme si, de 7 à 77 ans, la famille Crapard avait su les mettre à l’aise en un tiers de siècle. Plus de trente ans passés au sein du Réseau Golfy pour ce club francilien, une fidélité appréciée et reconnue tant par Alain Jeanjean et son équipe que par les Golfystadors qui se pressent, souvent dès l’aube, à la porte du club, avant de passer à table, l’étape incontournable…

Informations pratiques
Golf de Montereau-La Forteresse
Domaine de La Forteresse
77940 Thoury-Ferrottes
Tél. : 01 60 96 95 10.
Email : contact@golf-forteresse.com
Architectes : Mark Adam – Patrick Fromanger (1988).

Question de stratégie
Le trou 15, par 4 de 316 mètres (jaunes), par Thomas Vallin, pro à La Forteresse.

Surnommé la Meurtrière, ce par 4 en dogleg gauche très prononcé demande un peu de réflexion avant d’agir. Sur la mise en jeu, mieux vaut rester court du chêne isolé sans chercher à couper au cordeau où le danger de voir la balle disparaître dans les sous-bois de châtaigniers est bien réel. Inutile de sortir le driver, un petit bois, un hybride, devrait suffire à placer une balle dans le virage. De là, d’un coup de fer joué en douceur, le green est accueillant avec 24 mètres de profondeur. Attention toutefois au bunker frontal qui pourrait contrarier une approche un peu courte. Gardez un peu d’énergie et de lucidité pour le trou suivant, un par 3 qui a vu s’envoler bien des espoirs…

Détours Seine-et-Marnais

A l’évocation touristique du 77, l’image du château de Fontainebleau se profile à l’instant.

Aux confins de l’Yonne, la cathédrale Saint-Etienne de Sens a traversé le millénaire avec élégance. Consacrée en 1164, cette œuvre d’architecture gothique flamboyante a célébré le mariage de Saint Louis et Marguerite de Provence en 1234. La rosace du Concert Céleste date de 1516, elle offre une interprétation des verriers troyens du Moyen Âge.

Au-delà des vieilles pierres, de charmants villages du sud de la Seine-et-Marne regorgent d’étapes gastronomiques aussi discrètes qu’élégantes, à découvrir sans modération…