Royal Park I Roveri : à la chasse aux birdies…

Par Claude Granveaud-Vallat


La Maison de Savoie, régnante sur l’Italie jusqu’au milieu du XXe siècle, ne s’y était pas trompée en créant, au piémont des Alpes italiennes, le palais royal de Venaria, une démesure à la hauteur de Versailles, au cœur du parc de la Mandria. Résidence de chasse du duc Charles-Emmanuel II dès sa construction au XVIIe siècle, ce palais aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO fait la fierté des Turinois qui aiment s’y promener dans le parc, s’y détendre sous les lambris dorés, les fastes d’une époque révolue…

En 1971, la création du Royal Park I Roveri a connu des origines plus raisonnables même si la famille Agnelli a fait appel à Robert Trent Jones pour dessiner le premier parcours. Allegra Agnelli et son fils Andrea – également patron de la Juventus de Turin – président aux destinés de ce magnifique resort. En 2006, le second tracé voyait le jour sous les traits de crayon conjugués de Michael Hurdzan et Dana Ray Fry. Les 36 trous du Club profitent du même cadre que le parc du château cerné par les sommets alpins, les crêtes, les montagnes enneigées. De cette douceur estivale si agréable lorsque la chaleur accable la côte ou les rues animées de Turin.

Le parcours Allianz by Trent Jones a accueilli l’Open d’Italie de 2009 à 2012. Même si les champions ont mis à mal le par, de -16 à -24 pour le vainqueur selon les années, le parcours superbement préparé a fait souffrir quelques swings entre ses arbres bordant les fairways, les bunkers marguerite – la spécialité du Maître californien -, l’eau – en jeu sur 12 trous – à survoler vers des greens tondus au plus ras et quelques souffles d’air descendus des montagnes pour calmer les ardeurs des fiers-à-bras… Et que dire du 17, souvent considéré comme le plus beau trou d’Italie. Un long par 4 avec un lac au milieu du fairway, à survoler obligatoirement vers un green en dévers un peu plus long. Le handicap 1 de ce trou n’est pas un hasard…

Le second parcours a profité de toute l’expérience acquise par Michael Hurdzan aux Etats-Unis lors de ses créations antérieures et de l’esprit d’innovation apporté par Dana Ray Fry, un architecte venu de Kansas City qui signait là sa première réalisation en Europe. En 2014, le parcours Allianz Bank by Hurdzan Dana Fry a reçu le prix de « meilleur nouveau parcours d’Italie ». Sur le 2, les gros frappeurs peuvent essayer d’attraper le green au drive en coupant et en survolant la pièce d’eau. Un joli challenge… Très « target », ce tracé à l’américain affiche un slope de 140 des back tees. De quoi calmer les plus vaillants !

Radicalement différents, les deux parcours sont complémentaires, certains préfèrent le Trent Jones, d’autres le Hurdzan-Fry, à l’image d’Edoardo Molinari, un enfant du pays qui gère la golf académie. Sur un vaste domaine, la faune s’est accaparée les parcours, les limicoles près des pièces d’eau, biches et chevreuils à l’orée des bois, lapins, écureuils et autres rongeurs dans l’herbe fraîchement coupée du matin. Au printemps, les massifs fleuris autour du putting-green comme auprès des petits ponts de bois reliant fairways et greens sont un enchantement de couleurs et d’odeurs.

L’ancienne ferme de Cerbiatta a offert ses poutres séculaires, son crépis d’antan, ses petites fenêtres à un club-house des plus modernes, où la terrasse ombragée est prisée dès les premiers rayons d’un soleil printanier, où les spécialités piémontaises et méditerranéennes du chef font saliver à leur seule évocation… Pour ceux qui n’auraient pas épanché leur soif de golf, le Circolo Golf Torino n’est qu’à deux kilomètres. De quoi conclure en beauté un séjour au piémont des sommets de l’Europe !